La recherche contre le cancer de la prostate

Pour le cancer de la prostate comme pour les autres cancers, la recherche s’intéresse non seulement à mieux soigner, mais également à mieux comprendre et détecter. Des progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années au niveau des traitements, mais de nombreuses voies prometteuses sont encore en phase d’exploration.

Connaître l’ennemi

La génétique et ses avancées permettent de découvrir chaque année de nouveaux gènes et de nouvelles protéines impliqués dans le cancer de la prostate, de façon à mieux traiter – voire prévenir – la maladie. Les chercheurs ont en effet découvert une famille d’anomalies génétiques impliquées dans la majorité des cas. Deux gènes « normaux » fusionnent pour former un gène « anormal » (oncogène) responsable de la transformation des cellules de la prostate en cellules tumorales. La découverte de ce phénomène a permis d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques et de nouveaux médicaments antitumoraux, plus efficaces car plus spécifiques.

La recherche a aussi permis d’identifier une cinquantaine de caractéristiques génétiques associées à une susceptibilité individuelle de développer un cancer de la prostate et sa forme (agressive ou non).

L’identification de ces variations génétiques fournit, en outre aux chercheurs, de nouvelles pistes pour la mise au point de traitements.

Les recherches concernant l’évolutivité des cancers prostatiques permettraient de distinguer les formes agressives des formes latentes.

Diagnostiquer le cancer de la prostate vite et bien

Dans tous les cancers, un diagnostic et une prise en charge précoces sont synonymes de meilleure chance de survie et de traitements moins lourds. Un pan entier de la recherche s’intéresse aux outils de diagnostic précoce. À noter diagnostic précoce ne signifie pas dépistage.

Optimiser les traitements contre le cancer de la prostate

Malgré les constantes évolutions, le potentiel de progression des traitements reste important. De nouveaux espoirs sont ainsi permis avec le développement permanant de futurs médicaments, actuellement en cours d’essais sur des cultures cellulaires, des modèles animaux ou chez des patients en échec thérapeutique.

Dans le cancer de la prostate, des études visent ainsi à évaluer différents schémas d’administration (modifications de durée ou de chronologie des traitements), de nouveaux produits anticancéreux aux mécanismes d’action innovants, ainsi que des techniques d’irradiation augmentant l’efficacité tout en réduisant la toxicité.

De nouveaux médicaments pour l’hormonothérapie des cancers de la prostate sont également sur le marché ou en cours de développement. Il s’agit d’une nouvelle génération de molécules capables de bloquer l’activité de la testostérone, qui stimule les cellules des cancers prostatiques.

Le Sipuleucel-T est quant à lui le premier vaccin à obtenir une autorisation de mise sur le marché dans le cancer de la prostate, ouvrant une nouvelle voie thérapeutique. Le principe d’action, complexe, repose sur l’obtention de cellules dites « dendritiques » à partir des cellules souches prélevées sur le patient. Ces cellules sont ensuite « éduquées » de façon à ce qu’une fois réinjectées dans l’organisme, elles soient capables de stimuler le système immunitaire (lymphocytes T) pour qu’il  cible et détruise spécifiquement les cellules tumorales.

Les essais cliniques

Les essais cliniques sont un moyen concret d’accéder aux avancées de la recherche. La liste des essais thérapeutiques est mise à jour régulièrement sur le site de l’Institut national du cancer (INCa) et tout patient peut demander à en intégrer un, sous réserve d’éligibilité.
Les essais cliniques sont proposés aux personnes ayant déjà étaient traitées par les méthodes plus traditionnelles.

Votre hôpital ne propose pas d’essai clinique pour le cancer de la prostate ? Votre équipe soignante peut vous adresser à un autre établissement afin d’intégrer un protocole spécifique, tout en continuant à vous suivre.

 

L’obésité à surveiller

Une méta-analyse du World Cancer Research Fund International a fait le point sur l’état des connaissances concernant les facteurs de risque du cancer de la prostate liés à l’anthropométrie (mesure de la taille principalement), l’alimentation, et l’activité physique.

Résultats : l’obésité et le surpoids ainsi que la taille atteinte à l’âge adulte constituent les facteurs les plus probablement liés à un surrisque de cancer de la prostate. En revanche, le surrisque supposément associé à un régime riche en calcium, récemment mis en évidence par certaines études, n’apparaît pas assez étayé. De même, les arguments en faveur d’un effet protecteur du taux de sélénium (un oligoélément fourni par l’alimentation) dans le sang semblent limités.

La Ligue soutient EPICAP, un projet de recherche en Epidémiologie dédié à l’étude des facteurs de risque potentiels du cancer de la prostate, notamment la perturbation des rythmes circadiens associée, par exemple, au travail de nuit ou décalé.

« La Ligue en actions » : La Ligue contre le cancer et la recherche

L’INCa, la Ligue nationale contre le cancer et l’ARC financent huit projets de recherche sur le cancer de la prostate pour 6 millions d’euros.

PAIR Prostate est  un programme d’actions intégrées de recherche sur le cancer de la prostate dans toutes ses dimensions (médicale, sociale, etc.) lancé par l’INCa, auquel la Ligue nationale contre le cancer et l’ARC se sont associées.

Après sélections, huit projets ont été retenus et seront financés : deux projets cherchent à faire évoluer le diagnostic précoce des formes agressives, un projet vise à faire progresser les options thérapeutiques telles que la radiothérapie, deux projets concernent les mécanismes de la transformation et de la progression tumorale, un projet intéresse l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques dans la résistance à la chimiothérapie du cancer de la prostate, un projet de stratégie de chimio-prévention cible une population à risque génétique de développer un cancer de la prostate, porteuse du gène BRCA et le dernier projet porte sur l’évaluation à long terme de la qualité de vie et la réinsertion sociale et familiale de patients avec un cancer localisé de la prostate.

Le détail des équipes retenues dans le cadre du PAIR Prostate 2010 et de leurs projets est consultable sur les sites de l’INCa, de la Ligue et de l’ARC.