LE CANCER DU RECTUM
LE CANCER DU RECTUM
Le cancer du rectum 17 500 personnes en France chaque année
source liguecancer.net
liguecancer.net
Le cancer du rectum, c’est quoi ?
Un cancer du rectum est une maladie des cellules qui tapissent l’intérieur du rectum. Il se développe à partir d’une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique, jusqu’à former une masse appelée tumeur maligne (ou cancer).
On estime à environ 44 000 le nombre de nouveaux cas de cancers colorectaux (côlon ou rectum) en 2017 en France. Légèrement plus de la moitié (55 %) toucheraient des hommes.
Le cancer colorectal (côlon ou rectum) est le 3e cancer le plus fréquent chez l’homme après ceux de la prostate et du poumon, et le 2e cancer le plus fréquent chez la femme après celui du sein.
Cancer du côlon : facteurs de risque
La meilleure arme pour lutter contre l’apparition de cette pathologie reste la prévention, en agissant en particulier contre le tabagisme.
Les objectifs majeurs de la lutte contre le tabac :
- éviter que les adolescents et les jeunes adultes commencent à fumer
- susciter l’envie d’arrêter de fumer
- aider les fumeurs à arrêter le plus tôt possible
- ne pas enfumer les autres et respecter son entourage, si l’on est fumeur
- « dénormaliser » la consommation du tabac dans notre société. Le fait de ne pas fumer dans les lieux publics doit devenir une évidence
Les causes exactes du développement d’un cancer du côlon sont mal connues. Toutefois, divers facteurs de risque ont été identifiés.
Risques internes
- 95% des cancers colorectaux se déclarent après 50 ans et 46% après 74 ans. Un cancer colorectal précoce est lié à des causes génétiques. Il diminue significativement le risque d’avoir un cancer du poumon contrairement à la réduction de la consommation. La durée de l’exposition au tabac est quatre fois plus déterminante que la quantité de cigarettes fumées.
Le risque est multiplié par trois si la personne a déjà eu un cancer du côlon ou si elle a des antécédents familiaux au premier degré (père, mère, frère, sœur). Cette prédisposition n’est pas forcément d’origine héréditaire. Elle peut être le fait de l’exposition à une même substance cancérigène, d’habitudes alimentaires ou de style de vie.
Un facteur génétique est impliqué dans deux formes de cancers colorectaux : la polyadénomatose recto-colique familiale (mutation d’un gène nommé APC) et le syndrome de Lynch (anomalies sur des gènes codants pour les protéines de réparation de l’ADN). Ces cancers héréditaires représentent moins de 5 % de l’ensemble des cancers colorectaux et surviennent avant 40 ans.
Risques externes
Le mode de vie influe également sur le risque de cancer colorectal. Aux premiers rangs des facteurs de risque : le surpoids, une alimentation riche en graisses animales, la consommation d’alcool et de tabac, l’inactivité physique et la consommation importante de viande rouge. Le diabète de type 2 et le manque d’exposition au soleil pourraient également avoir un impact.
Les symptômes du cancer du côlon
Il n’existe pas de symptômes caractéristiques du cancer colorectal. En revanche, un certain nombre de signes doivent inciter à consulter :
- troubles du transit intestinal (constipation, diarrhée prolongée, augmentation du volume abdominal, besoin pressant et continuel d’aller à la selle, sensation d’évacuation incomplète, etc.) ;
- gênes abdominales (ballonnements, crampes, douleurs, etc.) ;
- sang dans les selles (généralement non visibles à l’œil nu) ;
- perte récente d’appétit ;
- perte de poids inexpliquée ;
- fatigue anormale.
À noter : ces symptômes généraux étant fréquents dans nombre de maladies bénignes, le calme et la circonspection restent de mise. Seule une consultation médicale et des examens spécialisés permettront d’affirmer le diagnostic.
Toutefois, il ne faut pas attendre la survenue d’un de ces symptômes pour bénéficier d’un diagnostic précoce : le dépistage organisé par la recherche de sang dans les selles avec le test immunologique, c’est quand tout va bien et tous les 2 ans, de 50 à 74 ans !
Bilan diagnostique du cancer du côlon
Le bilan diagnostique s’articule autour d’un examen clinique et d’une exploration du côlon et du rectum, par coloscopie. Le premier permet de déterminer l’état général du patient et la seconde de repérer une éventuelle tumeur.
La confirmation de la présence d’une tumeur cancéreuse se fait par le biais de prélèvements (biopsie) réalisés au cours de la coloscopie.
À savoir : un toucher rectal permet également de repérer une tumeur si elle est située à moins de 8 cm de l’anus.
La coloscopie
La coloscopie permet de visualiser les parois internes du côlon. Réalisée sous anesthésie générale légère, et après une préparation soigneuse du colon par un régime sans résidu et laxatifs, elle consiste à introduire dans le côlon un tube souple muni d’une caméra vidéo et d’une pince à prélèvements. En cas de découverte de lésion, cette technique permet d’en estimer la dangerosité et de réaliser un prélèvement pour analyse, voire une ablation totale.
Bilan d’extension du cancer du côlon
Le bilan d’extension sert à évaluer la propagation du cancer aux organes proches et/ou lointains, afin de déterminer les possibilités chirurgicales et les traitements médicaux les plus adaptés. Les principaux examens réalisés sont :
- l’IRM ou le scanner pelvien, afin de déterminer le stade du cancer ;
- l’examen anatomopathologique, afin de déterminer si les ganglions lymphatiques sont touchés et si le cancer a commencé à se propager ;
- le scanner thoracique, à la recherche de métastases dans les poumons ;
- l’échographie hépatique ou le scanner abdominal, à la recherche de métastases dans le foie ;
Une échographie abdomino-pelvienne, une IRM du foie, voire un PET-scan sont parfois prescrits en complément d’exploration.
Classification des tumeurs
L’extension de la maladie s’évalue en stades suivant la taille de la tumeur (de I à IV) ou en suivant la classification T.N.M. (taille et localisation de la tumeur – T1 à T4 ; ganglions atteints ou non – N0 à N3 ; présence ou non de métastases – M0 à M1).
Traitements du cancer du côlon
Chaque traitement du cancer colorectal est unique. Il dépend du patient (état physique et psychique général, âge, etc.) et des caractéristiques de sa maladie (localisation, évolution, etc.). Une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) permet au corps médical d’établir un programme personnalisé de soins (PPS). Ce document résume les différentes étapes du traitement spécifiquement préconisé pour le patient, qui peut à tout moment demander toutes les précisions nécessaires.
Les méthodes
La prise en charge du cancer du côlon s’organise autour de deux approches complémentaires et souvent associées : la chirurgie et la chimiothérapie. L’essor des thérapies ciblées ouvre quant à lui le champ des possibilités, tandis que la radiothérapie est réservée à certains cas de cancer du rectum.
La chirurgie contre le cancer du côlon
La chirurgie est le traitement de base du cancer colorectal. L’intervention (colectomie) consiste à retirer le segment du côlon comprenant la tumeur avant de suturer les deux extrémités restantes. Il existe deux techniques :
- la laparotomie : ouverture de la cavité abdominale pour retirer la tumeur et les zones voisines contenant des ganglions lymphatiques.
- la cœlioscopie : introduction d’instruments et d’une mini-caméra par de petits orifices et extraction de la tumeur par ces incisions.
Lorsque qu’elle est envisageable la cœlioscopie offre la même sécurité et améliore la qualité de vie des patients
(moins de cicatrices et de complications post-opératoires).
La colostomie
Il est parfois nécessaire de prévoir une dérivation et créer un anus artificiel après l’opération.
Cette colostomie est généralement provisoire et la continuité du transit est rétablie après la cicatrisation (6 à 12 semaines).
Dans certains cas (complication ou ablation du sphincter rectal), la colostomie peut être définitive. Le côlon est alors accolé à la peau
de l’abdomen et relié à une poche qui recueille les selles.
Quel que soit l’organe touché, la chimiothérapie consiste à administrer un ou plusieurs médicaments toxiques pour les cellules cancéreuses. On parle alors de monothérapie ou de polythérapie. Ces médicaments vont se diffuser dans l’ensemble de l’organisme et cibler toutes les tumeurs présentes, qu’elles aient été repérées ou non au cours des examens préalables.
Dans le cas du cancer colorectal, la tumeur et l’ensemble des éléments retirés pendant l’opération (vaisseaux sanguins, ganglions) font l’objet d’un examen anatomopathologique. Cet examen, réalisé au microscope, permet d’évaluer l’étendue de la maladie et de décider si la chirurgie doit être complétée ou non par une chimiothérapie. Les produits habituellement employés (seuls ou en associations) sont le 5-fluoro-uracile (5-FU), l’oxaliplatine (Eloxatine®) et l’irinotécan (Campto®). L’objectif de ces médicaments anticancéreux est de réduire le risque de récidive.
Les protocoles de chimiothérapie sont établis pour chaque type de situation. Les médecins obéissent à ces différents référentiels.
Les thérapies ciblées contre le cancer du côlon
Une nouvelle génération de traitements est en plein essor : les thérapies ciblées. Il s’agit de molécules s’attaquant plus spécifiquement aux cellules cancéreuses.
Principal intérêt : une action ciblée pour des effets secondaires réduits.
Les thérapies ciblées efficaces dans le cancer du côlon sont particulièrement nombreuses. Elles agissent :
- sur l’angiogenèse, en bloquant la croissance des vaisseaux sanguins nécessaires au développement de la tumeur, entraînant ainsi la mort de cette dernière ;
- sur les facteurs de croissance, en inhibant la division des cellules et donc le développement de la tumeur.
En pratique, les thérapies ciblées sont utilisées en association avec de la chimiothérapie pour les cancers colorectaux avancés.
Trois médicaments sont utilisés : le bevacizumab (Avastin®), le cetuximab (Erbitux®) et le panitumumab (Vectibix®).
La prescription est précédée d’une immunohistochimie sur les cellules tumorales à la recherche d’altérations génétiques qui, selon leur présence, peuvent provoquer une résistance au traitement ; ces tests ont une valeur prédictive et pronostique et sont une étape majeure dans le domaine de la médecine individualisée.
La radiothérapie contre le cancer du côlon
Traitement local, la radiothérapie vise à compléter la chirurgie en réduisant la taille de la tumeur avant l’opération ou en détruisant d’éventuelles cellules cancéreuses encore présentes dans les tissus, après l’intervention.
Elle n’est généralement pas indiquée dans le cancer du côlon et d’emploi limité dans le cancer du rectum.
Effets indésirables des traitements contre le cancer du côlon
Les traitements provoquent souvent des effets indésirables plus ou moins intenses. Ceux-ci varient considérablement d’un patient et d’un traitement à un autre et il n’existe pas de moyen de prédire « qui » tolérera mieux « quoi ». En revanche, les professionnels de santé sont là pour expliquer tout ce qui peut se passer et comment y remédier au mieux.
Effets indésirables de la chirurgie
Les effets indésirables de la chirurgie sont rares. Le principal est la fistule anastomotique, un défaut de cicatrisation de la suture entre les deux parties restantes du côlon. Cette complication survient habituellement une semaine après l’opération et se manifeste par de la fièvre avec des douleurs abdominales et un arrêt du transit digestif.
Effets indésirables rares : les complications hémorragiques intra abdominales et les abcès de paroi. Des troubles de l’érection peuvent également se rencontrer, en particulier si l’opération a porté sur le rectum.
Après l’opération, des troubles du transit intestinal sont fréquents (diarrhée, constipation, augmentation du nombre de selles). Ces troubles sont variables selon les personnes et la portion du côlon qui a été enlevée, mais s’améliorent progressivement avec le temps et un régime alimentaire adapté.
Effets indésirables des chimiothérapies
Problème majeur, les effets indésirables des chimiothérapies sont liés à l’absence de sélectivité des produits employés. Le traitement détruit les cellules cancéreuses, mais aussi certaines cellules à croissance rapide : cheveux, ongles, paroi du tube digestif et cellules sanguines. Fatigue, moins bonne résistance aux infections, perte d’appétit, modification du goût, nausées et vomissements, diarrhées, sensation d’engourdissement ou de fourmillement, réactions allergiques, troubles cutanés, lésions buccales et chute des cheveux sont, par conséquent, les manifestations indésirables les plus fréquentes.
Les thérapies ciblées présentent des effets indésirables moins marqués, souvent d’ordre cutané ou allergique :
hypertension, saignements ou encore maux de tête.
Effets indésirables de la radiothérapie
Les effets indésirables de la radiothérapie sont le plus souvent : irritation de la vessie (cystite), inflammation du rectum ou de l’anus, crises hémorroïdaires, troubles intestinaux (diarrhées, crampes, selles fréquentes, etc.), troubles cutanés, perte d’appétit, fatgue
La recherche contre le cancer du côlon
Pour le cancer colorectal comme pour les autres cancers, la recherche s’intéresse non seulement à mieux soigner, mais également à mieux comprendre et détecter. Des progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années tant au niveau du dépistage que des traitements, mais de nombreuses voies prometteuses sont encore en phase d’exploration.
Connaître et apprendre
La génétique et ses avancées permettent de découvrir chaque année de nouveaux gènes et de nouvelles protéines impliqués dans le cancer du côlon, de façon à mieux traiter – voire prévenir – la maladie.
Diagnostiquer le cancer du côlon vite et bien
Dans tous les cancers, un diagnostic et une prise en charge précoces sont synonymes de meilleure chance de survie et de traitements moins lourds. Un pan entier de la recherche s’intéresse au dépistage, avec le développement d’un test de détection immunologique beaucoup plus sensible. La détection des polypes précancéreux devient ainsi de plus en plus aisée, assurant une meilleure prévention de l’apparition des cancers colorectaux.
Optimiser les traitements contre le cancer
Malgré les constantes évolutions, le potentiel de progression des traitements reste important. De nouveaux espoirs sont ainsi permis avec le développement permanent de nouveaux médicaments, actuellement en cours d’essais sur des cultures cellulaires, des modèles animaux ou chez des patients en échec thérapeutique.
Les thérapies ciblées sont également en plein essor et proposent diverses directions : bloquer la croissance des cellules cancéreuses, asphyxier la tumeur en réduisant son apport sanguin, faire réagir les réactions immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses, etc. Certaines de ces approches fonctionnent déjà dans le cancer colorectal, et devraient déboucher sur des thérapies encore plus efficaces.
Demain la recherche contre le cancer
5 pistes prometteuses dans un futur proche :
- Prévenir l’apparition des cancers
- Éliminer les tumeurs en bloquant leur vascularisation (et donc leur alimentation en sang) : l’anti-angiogenèse.
- Renforcer les défenses immunitaires de l’organisme : l’immunothérapie (vaccination thérapeutique).
- Court-circuiter les « signaux » émis par la cellule cancéreuse : l’inhibition de la transduction du signal.
- Accentuer les erreurs de réparation de l’ADN dans la cellule cancéreuse, pour provoquer sa mort : la potentialisation de l’action cytotoxique.
Les essais cliniques
Les essais cliniques sont un moyen concret d’accéder aux avancées de la recherche. La liste des essais thérapeutiques est mise à jour régulièrement sur le site de l’Institut national du cancer (INCa) et tout patient peut demander à en intégrer un, sous réserve d’éligibilité.
Les essais cliniques sont proposés aux personnes ayant déjà étaient traitées par les méthodes plus traditionnelles.
Votre hôpital ne propose pas d’essai clinique pour le cancer du côlon ? Votre équipe soignante peut vous adresser à un autre établissement afin d’intégrer un protocole spécifique, tout en continuant à vous suivre.
« La Ligue en actions » : La Ligue contre le cancer et la recherche contre le cancer colorectal
Le projet portant sur la génomique du cancer du côlon, débuté au sein de l’unité de génomique fonctionnelle de l’institut Gustave Roussy (IGR), se poursuit en collaboration avec la Ligue nationale contre le cancer.
De nombreux échantillons ont été analysés à partir d’une banque de plus de 400 prélèvements tumoraux congelés au cours des 10 dernières années. Le but de ce projet est d’identifier des marqueurs moléculaires permettant de prédire la rechute des cancers du côlon de stades II et III après chirurgie, et ainsi de mieux identifier les patients à qui il faut proposer une chimiothérapie complémentaire.
Ce projet initié par le Dr Valérie Boige (IGR) a permis de réunir un grand nombre de tumeurs dans le cadre d’un consortium associant l’IGR, l’hôpital européen Georges Pompidou, le registre des cancers de la Côte d’Or, et le centre Antoine Lacassagne à Nice. La valeur pronostique de plusieurs marqueurs identifiés grâce à cette analyse est en cours d’évaluation
Pour plus d’informations
Brochure sur les traitements du cancer du rectum cliquez pour télécharger
Pour aider la recherche sur le cancer du colon, donnez à La Ligue…
La recherche est un magnifique espoir pour combattre durablement cette maladie. Le cancer du colon peut être évité grâce à la prévention.
Donner à la prévention, c’est une perspective de vie sans cancer…